Redécouvrir nos racines irlandaises

Marée montanteSamedi le 18 mars, les folklores québécois et irlandais ont envahi la salle rouge de la Coopérative Paradis le temps d’une soirée endiablée. Il n’y avait pas une meilleure façon à Rimouski de célébrer la Saint-Patrick que de danser sur la musique festive de la Marée montante. En effet, c’est le cœur en fête que j’ai vu familles, amis et couples taper des mains, se promener et « swinger ». Les rimouskois attendaient cet événement avec impatience et s’étaient préparés pour l’occasion : la plupart s’étaient vêtus de vert, plusieurs filles avaient choisi de porter une jupe ou une robe afin qu’elle virevolte et certains garçons portaient même des culottes courtes.

La soirée a débuté en grand avec la meneuse bien connue d’ici Renée-Jeanne. Elle a ouvert le bal en nous disant de ne pas avoir peur de faire les figures, car nous allions seulement faire des choses légales en ce soir de fête. Nous avons commencé par un mouvement bien connu des adeptes des soirées de danse traditionnelle : l’oiseau dans la cage. Au fil des changements de meneurs (Renée-Jeanne, Louise, Xavier, etc.), nous avons ajouté de nouvelles figures à notre répertoire, les paniers et la grande chaîne par exemple.

Entre les deux premières parties de la soirée, nous avons eu le privilège d’entendre deux jeunes garçons, les intrépides, jouer de la musique, ainsi que d’assister à un numéro de gigue.

Pour ma part, j’ai grandement apprécié l’énergie festive et la complicité qui régnaient dans la salle. Tous, débutants comme fervents adeptes, s’entraidaient dans les mouvements et avaient un plaisir fou à redécouvrir leurs racines irlandaises et québécoises. En tant que débutante, j’ai passé une agréable soirée à « swinger », à gambader et à sourire. Je me suis toute de suite sentie intégrée dans ce grand party.

Merci l’Irlande de nous avoir transmis cette culture!

Catherine Berger-Caron

Un beau trio-spectacle de durs au cœur tendre

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Le spectacle du 4 février a commencé avec le rock du groupe matanais Jobbeurs. Je ne sais pas quelles sont leurs jobs, mais ils ont accompli avec brio leur contrat de nous faire dégourdir les jambes. Les mélodies étaient accrocheuses et le rythme des chansons propageait une énergie contagieuse dans la foule. C’était intéressant de voir les trois matanais se partager les paroles et s’amuser sur la scène. J’aurais toutefois aimé entendre plus de paroles, car il y en avait très peu. Je suis restée sur ma faim.

Ce fut ensuite sous les applaudissements nourris de la foule rimouskoise que le chanteur des hôtesses d’Hilaire, Serge Brideau, est monté sur la scène rejoindre les autres membres du groupe. Cette entrée enrobée par une musique atmosphérique livrée par des musiciens tout de blanc vêtus et canalisée par l’excitation palpable de la foule a fait honneur à la réputation théâtrale de la formation acadienne. Les gens de la salle furent comblés en apercevant le chanteur en robe de cuir noir: cet élément annonçait l’excentricité du groupe et la soirée haute en couleurs qui nous attendait. À la suite de sa venue triomphale, Serge Brideau nous a dévoilé son humour teinté d’autodérision en nous annonçant que leur cd n’est pas très bon sauf peut-être pour « jacker » une patte d’une table croche.  Or, la majorité des spectateurs étant déjà des fans, ils n’ont pas été bernés par ce propos. En effet, ils ont chanté les paroles à gorge déployée et ont dansé énergiquement tout au long du spectacle sur les chansons drolatiques et engagées des hôtesses d’Hilaire. Sur des airs de rock des années ’70, nous avons pu entendre les opinions du groupe sur des thèmes variés de la société actuelle : la relation entre les Acadiens et les anglophones, l’égocentrisme, l’écologie ainsi que la robotisation des humains. De plus, Serge Brideau a réussi à garder la foule captivée du début à la fin en présentant chacune de ses chansons de manière originale. Personnellement, à chaque fois, j’avais très hâte de savoir où ses propos allaient nous mener.

 

Le dernier artiste, et non le moindre, à fouler les planches de la scène du Paradis ce soir-là fut VioleTT Pi. J’ai particulièrement aimé le clin d’œil vestimentaire aux arbitres et joueurs de la LIR ainsi que la petite mise en scène d’introduction faite par Karl Gagnon et ses musiciens. Pour ce qui est du volet musical de la prestation, les paroles poétiques et sincères de VioleTT Pi nous permettaient d’entrer dans son univers, de vivre ses histoires et de contempler sa sensibilité. Ce fut un plaisir de se laisser entraîner par des mélodies parfois planantes et parfois plus rock. À travers différents styles musicaux exploités, l’auteur-compositeur-interprète a réussi à nous transmettre d’une manière très personnelle ses émotions. C’était magnifique de le voir nous dévoiler tendrement qu’ « elle est son sentiment préféré » ou de l’entendre crier à tue-tête « je me déforme ». Une belle découverte musicale et artistique!

En bref, ce fut une belle soirée mouvementée! Pour emprunter les termes qu’Éric Lapointe a mentionnés à Serge Brideau à Punta Cana, j’ai découvert un beau trio de « durs au cœur tendre ».

Catherine Berger-Caron

Et au milieu coule une rivière

konelineSi le cinéma est une fenêtre sur le monde, alors Koneline en est l’exemple incarné. Car voir Koneline, c’est faire une expérience terrienne dans toute sa grandeur. Pas étonnant que ce documentaire soit récipiendaire du titre de meilleur film canadien au Hot Docs Festival. À la fois célébration poétique rare d’une nature fragile dont l’écosystème est directement menacé par des constructions minières, mais également prise de conscience de la riche beauté ce cette nature pas si « sauvage » car fondamentalement naturelle et ancrée en l’humain, Koneline peut se comprendre à travers de multiples niveaux de lecture.

Nous mettons donc le cap sur la Colombie-Britannique, là où la nature s’observe à perte de vue. On y suit la vie, dans ses plus simples incarnations (travail, recherche de nourriture, activités artistiques…), des humains qui vivent dans ce coin de pays isolé, loin du fracas des villes et de la dite « civilisation ». Grâce à des images ahurissantes de beauté pure qui transcendent le genre, on a l’impression d’assister à une poétique de la vie sous toutes ses coutures.

La réalisatrice a ainsi l’art de placer le cadre exceptionnel qu’il faut, au moment où il faut. Elle saisit les corps en mouvement, les variations du vent, les ombres portées sur les plaines. Là un détail sur la grâce du geste de ce pêcheur, là un plan large sur la ribambelle de chevaux harnachés dans un paysage lunaire, là un extrait de grand film hollywoodien avec cet hélicoptère qui pose à même le sol un pylône électrique gigantesque. Sauf que là, ce n’est pas du cinéma. Enfin si mais… enfin c’est compliqué. Car depuis le haut de cette montagne où des hommes extraient des milligrammes d’or à coup de pelleteuses et de foreuses grosses comme des porte-avions, on a l’impression que des dieux immémoriaux nous observent. Que des forces telluriques ahurissantes qui dépassent notre entendement vont se déchainer à n’importe quel moment pour nous engloutir tout cru. Alors on s’assoit, on observe et on rend hommage.

On est constamment subjugué par la magnificence de cette nature définissant complètement la vie des personnes qui l’exploitent ou qui en vivent. En effet, que l’on soit minier, autochtone des Premières Nations, chasseur-touriste en quête d’absolu ou cowgirl charismatique au possible, tous les humains présents dans ce film font partie d’un tout plus grand qu’eux. Ils font ainsi cœur avec la terre et leur environnement. Personne n’est bon, personne n’est mauvais, il n’y a pas de juste milieu ou de compromis possible. Il n’y a que des hommes et des femmes au sein d’un univers et qui font ce qu’ils savent faire de mieux pour vivre, simplement vivre. Et ils le savent, ils en ont conscience et c’est là que le film prend toute sa dimension. En suivant les parcours singuliers de ces personnes habituées au Grand Nord de ce beau pays, Nettie Wild (ça c’est du nom prédestiné !) nous renvoie à la tête tous nos préjugés, toutes nos valeurs morales et tout notre sens commun. Le seul qui vaille étant la rivière, qui elle, continue de couler. Troublant, invitant et fascinant.